L'actualité nationale, régionale et locale

Cancer : des oncologues et chercheurs plaident pour une production publique des traitements innovants

31 mai 2024 à 13h00 - Modifié : 3 juin 2024 à 15h06 par Angela Dick

Des oncologues et chercheurs plaident pour une production publique des traitements innovants

Près de 40 000 oncologues du monde entier se réunissent à Chicago pour le congrès de l'Asco (American Society Of Clinical Oncology) à partir du 31 mai. Pendant cinq jours, ils discuteront des traitements innovants contre le cancer, alors que l'OMS prévoit une augmentation de 77% des cas d'ici 2050, avec plus de 400 000 nouveaux cas diagnostiqués en France l'an dernier.

Parmi ces innovations, les thérapies géniques et cellulaires, telles que les CAR-T cells, montrent une grande efficacité contre les cancers du sang mais sont très coûteuses. Ces thérapies utilisent des globules blancs modifiés génétiquement pour cibler et détruire les cellules cancéreuses, mais leur coût moyen est de 300 000 euros par perfusion.

L'hématologue François Guilhot a indiqué que le traitement de plus de 1 000 patients par an avec les CAR-T cells représente une dépense considérable pour l'État français. Cependant, ces traitements sauvent des vies lorsque d'autres options sont inexistantes. L'idée de produire ces thérapies dans le secteur public est donc avancée pour réduire les coûts.

En France, des équipes à Paris, Lille et Besançon travaillent sur cette question. Deux chercheurs, Christophe Ferrand et Marina Deschamps, ont créé une start-up pour financer leurs recherches et espèrent bientôt lancer un essai clinique pour traiter la leucémie aiguë myéloïde. Selon eux, le manque de prise de risque dans les investissements publics freine le passage de la recherche à la commercialisation.

Contrairement à la France, l'Espagne permet à ses hôpitaux publics de produire des médicaments. Julio Delgado a réussi à fabriquer des CAR-T cells publiques pour 90 000 euros l'injection, en évitant les coûts commerciaux et de marketing. Son succès en Espagne inspire désormais des efforts pour adapter ces thérapies aux cancers solides et aux maladies auto-immunes.