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Trois ex-dirigeants d’Ubisoft face à la justice pour des faits de harcèlement moral et sexuel
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Le procès de trois anciens cadres dirigeants d’Ubisoft s’ouvre ce lundi au tribunal correctionnel de Bobigny. Ils sont accusés d’avoir instauré un climat de harcèlement sexuel et moral persistant au sein du célèbre studio de jeux vidéo. Initialement prévu en mars, le procès avait été reporté en raison de la transmission tardive de nombreux éléments du dossier, fruit de deux années d’enquête.
Tout a commencé en juillet 2020, avec la publication de témoignages anonymes sur Twitter (désormais X), suivie d’enquêtes approfondies. Ces révélations ont mis en lumière des pratiques toxiques au sein d’Ubisoft. Dans la foulée, Serge Hascoët, alors numéro deux du groupe et directeur créatif, a quitté ses fonctions. Deux autres cadres, Thomas François et Guillaume Patrux, ont été licenciés pour faute grave.
Parmi les trois mis en cause, Thomas "Tommy" François concentre le plus grand nombre d’accusations. Ex-vice-président de l’éditorial chez Ubisoft, il aurait notamment diffusé des contenus pornographiques sur son lieu de travail, forcé une collègue à faire le poirier en jupe et multiplié les remarques sexistes ou humiliantes envers ses collègues féminines. D’autres comportements assimilables à du bizutage lui sont reprochés, comme avoir attaché une employée à une chaise ou lui avoir dessiné sur le visage avec un marqueur.
Outre les faits de harcèlement, il est également poursuivi pour tentative d’agression sexuelle. Lors d’un événement festif organisé en interne, il aurait tenté d’embrasser de force une salariée, retenue par d’autres collaborateurs. Selon un rapport d’enquête consulté par l’AFP, il encourageait ses subordonnés à adopter des comportements similaires, exploitant son statut au sein de l’entreprise pour les influencer.
Serge Hascoët, de son côté, est accusé d’avoir tenu des propos et comportements à caractère sexuel inapproprié, ainsi que des remarques racistes. Il aurait notamment demandé à une collaboratrice musulmane, au lendemain des attentats de 2015, si elle partageait les idées de Daesh. Cette même employée retrouvait régulièrement sur son poste de travail des images de bacon en fond d’écran ou des aliments déposés pendant le ramadan.
Le troisième accusé, Guillaume Patrux, ancien game director, est poursuivi pour harcèlement moral.
Malgré les nombreuses auditions menées pendant l’enquête, beaucoup de victimes présumées ont renoncé à porter plainte, par peur des représailles dans l’industrie du jeu vidéo. Le procès est prévu pour durer toute la semaine.