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Rappels de charges : des locataires de logements sociaux contraints de verser plusieurs centaines d’euros supplémentaires

Publié : 10 juin 2025 à 6h00 - Modifié : 10 juin 2025 à 10h36
Mandy Vereecken

Rappels de charges

"Chaque année, une nouvelle surprise" : à Mutzig, des locataires du parc social confrontés à des rappels de charges salés

Dans son logement social à Mutzig, une locataire d’Alsace Habitat scrute ses relevés avec incrédulité. Elle soupire :
"J’ai l’impression qu’à chaque année passée ici, il y a une nouvelle mauvaise surprise. On ne s’en sort pas."
La cause de sa détresse : un rappel de charges conséquent. "En 2021, on me réclamait 118 euros. En 2023, c’est monté à plus de 1 200 euros."

Elle n’est pas la seule à subir ce rattrapage. La hausse des coûts de l’énergie en 2023, aggravée par le contexte géopolitique lié à la guerre en Ukraine, a entraîné de fortes régularisations. Pour lisser cette dette, elle doit désormais régler 50 euros supplémentaires chaque mois. Et malgré l’aide de la CAF, le reste à charge reste lourd : "J’en suis à 700 euros de ma poche, sans compter un loyer qui ne cesse d’augmenter."

Le directeur général d’Alsace Habitat, Francis Bentz, confirme la situation :
"Ces hausses sont dues aux réajustements liés à l’explosion des tarifs énergétiques, en lien avec le conflit ukrainien."
Une explication que de nombreux locataires ont du mal à accepter. "Qu’il y ait une hausse, je peux le comprendre. Mais pas dans de telles proportions", proteste la locataire.

Les montants réclamés varient fortement selon la performance énergétique des logements, leur ancienneté ou le type de chauffage (près de 40 % du parc bénéficie de systèmes plus efficaces). Dans les cas les plus extrêmes, 141 foyers ont reçu un rappel dépassant les 2 000 euros.
"Ils représentent moins de 1 % de nos locataires," relativise Francis Bentz, précisant qu’Alsace Habitat couvrira toute somme excédant cette limite.

Mais la majorité des habitants n’est pas concernée par ces sommes élevées. En réalité, 52 % des ménages ont été remboursés, leurs provisions ayant été supérieures aux dépenses réelles.

Un motif d’espoir : la baisse récente des prix de l’énergie laisse entrevoir des régularisations plus modérées pour l’année 2024. Reste que pour beaucoup, le poids du rappel précédent n’a pas encore été absorbé, rendant les prochains ajustements d’autant plus redoutés.