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Mobilisation des taxis du Bas-Rhin : "Nos passagers ne vont pas à l’hôpital pour un simple rhume
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À l’appel de la Fédération des taxis indépendants (FTI) et du syndicat STAR, les chauffeurs de taxi ont entamé une mobilisation ce lundi 19 mai pour protester contre la réforme de la tarification des transports de patients. Deux cortèges ont été organisés : l’un a quitté Dorlisheim en direction du Nouvel Hôpital Civil à Strasbourg, l’autre est parti de Brumath pour rallier le CHU de Hautepierre.
Dès 7 heures du matin, les véhicules du convoi de Brumath se sont mis en route en roulant au ralenti, formant une longue file sur plus d’un kilomètre. Il leur aura fallu une heure et demie pour parcourir dix kilomètres.
Parallèlement, une délégation d’une vingtaine de chauffeurs, dont Claude Voltzenlogel du SDAT67, avait déjà pris la route la veille vers Paris afin de participer à une manifestation nationale. Ce dernier, qui exerce le métier depuis trois ans, souligne avec fierté que "nous étions en tête de cortège, même devant les taxis parisiens".
Ce qui attise la colère des professionnels, c’est un projet de réforme présenté récemment par l’Assurance maladie. Il prévoit l’instauration d’un tarif forfaitaire unique de 13 euros pour la prise en charge et l’accompagnement des patients, complété par un tarif kilométrique départemental. L’objectif affiché est de freiner la hausse des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024. La réforme, si elle est entérinée, entrerait en application le 1er octobre.
Le Bas-Rhin compte environ 670 taxis conventionnés, dont 300 à Strasbourg. Claude Voltzenlogel redoute un impact financier important : « On parle d’une baisse de chiffre d’affaires de 16 à 18 %. » Il souligne que si le forfait global grimpe à 28 euros dans l’Eurométropole, la tarification kilométrique, elle, tombe à seulement 0,97 € au-delà de quatre kilomètres, un des taux les plus faibles du pays.
Selon lui, cette réforme pourrait détourner les taxis des zones rurales, au profit des trajets urbains mieux rémunérés, bien que les campagnes représentent l’essentiel de leur activité. Beaucoup, comme Claude, ont choisi de se spécialiser dans le transport médical pour résister à la concurrence des plateformes.
Depuis Bischheim, Claude parcourt quotidiennement le Bas-Rhin pour conduire des patients vers les grands établissements hospitaliers de Strasbourg, comme l’ICANS ou le NHC. Il se montre très critique vis-à-vis de la proposition de mutualiser les trajets : « Ce n’est pas réaliste. On ne peut pas imposer à des patients affaiblis, qui sortent d’une chimiothérapie, de faire le tour du département. Ce ne sont pas des colis qu’on transporte, mais des personnes. »
Il s’interroge également sur les situations d’urgence potentielles : « Que faire si un passager fait un malaise alors qu’on transporte déjà trois autres personnes ? » Il reconnaît la nécessité de maîtriser les dépenses, mais estime que les économies réalisées via la réduction des hospitalisations sont déjà en train d’être répercutées sur les taxis : « Les patients ne restent plus à l’hôpital, ils sont dans nos voitures. »
Face à cette réforme qu’ils jugent injuste et inadaptée, les chauffeurs réclament son retrait pur et simple. Des actions similaires sont prévues ce lundi à 11 heures à Mulhouse et Colmar, dans le Haut-Rhin.