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Mettre à l’honneur les agriculteurs qui favorisent la nature grâce au concours des prairies fleuries

Publié : 7 juin 2025 à 6h00 - Modifié : 10 juin 2025 à 10h49
Mandy Vereecken

Prairies fleuries

« Peut-être pourrions-nous contourner l’arbre par là ? » Voilà une réflexion qui illustre la préparation minutieuse en cours, tant du côté des candidats que des membres du jury. Ce dernier, formant un petit groupe, doit décider de l’itinéraire précis qu’ils emprunteront pour traverser en diagonale la prairie de Kevin Marian, agriculteur installé à La Broque, dans le Bas-Rhin. Ce dernier fait partie des participants du Bas-Rhin et de Lorraine aux sélections du Concours général agricole 2026, catégorie « Prairies et parcours » dédiée aux pratiques agroécologiques.

Kevin Marian élève 25 vaches et cumule cette activité avec son poste d’agent communal à 80 %, ayant repris la ferme de son grand-père avant tout « par passion ». Il concourt cette année pour la troisième fois. « Lors de ma première participation, on comptait plus de 70 espèces différentes, fleurs et graminées confondues », explique-t-il avec fierté à notre équipe de journalistes. « L’objectif est de participer, de valoriser notre agriculture et nos méthodes, tout en vérifiant que ce que nous faisons est reconnu. »

Le jury évalue plusieurs critères : la qualité de la production fourragère destinée aux bovins, la diversité florale, le potentiel apicole et l’intégration paysagère de la prairie. En 2024, Julie Diette, une éleveuse alsacienne, s’était distinguée en remportant la médaille d’or grâce à une performance remarquable sur l’ensemble de ces points. « Ce fut une vraie fierté, et cela nous a donné l’occasion d’échanger avec le public pour expliquer notre travail et les raisons de notre succès », confie-t-elle.

Sur la prairie de Kevin Marian, l’examen rigoureux se poursuit. Les premières observations du jury sont encourageantes. « C’est un écosystème remarquable, très équilibré, avec la présence d’espèces patrimoniales », s’enthousiasme François Labolle, botaniste et membre du jury. « On trouve notamment des plantes rares, comme la scorsonère humble, qui ressemble au pissenlit, ainsi que des orchidées. »

Daniel Vincent, apiculteur, porte également une attention particulière aux fleurs de la prairie, en évaluant leur intérêt pour les abeilles. « C’est un véritable havre pour les abeilles, avec une densité florale exceptionnelle, sans oublier la haie diversifiée qui entoure le champ. C’est un lieu idéal pour installer des ruches », affirme-t-il.

La préservation des prairies est un enjeu national depuis plusieurs années, alors que leur surface globale décline, malgré leur rôle vital pour les écosystèmes et leur capacité à stocker le carbone. Le réchauffement climatique figure parmi les causes majeures de cette érosion, comme le souligne l’Office français de la biodiversité.

Instauré en 2010, le concours « Prairies et parcours » vise précisément à valoriser « la richesse et la diversité des prairies françaises » et à freiner leur déclin généralisé à l’échelle nationale. Dans la région Grand Est, les surfaces exploitées ont reculé de 9 % entre 2010 et 2020, et de 17 % entre 2000 et 2020, selon un rapport publié en 2022.