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La santé est sacrifiée au profit de l’économie", affirment-ils en lançant une action symbolique autour des problématiques de l’eau

Publié : 9 juin 2025 à 6h00 - Modifié : 10 juin 2025 à 10h43
Mandy Vereecken

Eau

« En tant que citoyennes et citoyens, nous n'avons d'autre choix que de nous emparer de cette question, puisque nos responsables politiques lui accordent trop peu d’attention », déclare Sarah Sbaiti, l'une des participantes, alors que les cyclistes marquent une pause à une vingtaine de kilomètres de leur destination finale. Ce lundi 9 juin, les militants écologistes engagés dans la deuxième édition du "convoi de l’eau" poursuivent leur action de sensibilisation, en exposant leurs convictions et leurs engagements.

Le groupe a choisi de s’arrêter symboliquement à Kolbsheim (Bas-Rhin), près du tracé du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg — un projet autoroutier controversé, dont la construction a nécessité l’assèchement de certaines zones humides.
« Le problème, c’est que chaque nouveau projet d’infrastructure, qu’il soit routier ou urbain, laisse une empreinte durable sur l’environnement. Cela fragmente des milieux naturels essentiels, comme les zones humides, véritables réservoirs de biodiversité. Construire une route, c’est ériger une barrière artificielle en plein cœur du vivant », explique Jean Galland, un autre membre du convoi.

Cécile Germain-Ecuer, coorganisatrice du mouvement, partage ce constat : « C’est une bataille que nous avons perdue, mais cela ne doit pas nous démobiliser. Les luttes à venir sont cruciales et nécessitent un engagement collectif fort. »
Également élue écologiste, elle souligne l’enjeu fondamental : « L’eau est à la base de toute vie. Sans elle, rien ne peut exister. Et aujourd’hui, les menaces qui pèsent sur cette ressource sont nombreuses, ce qui justifie pleinement la reconduction de ce convoi. »

Au fil de ces trois journées à vélo, les participants ont multiplié les haltes symboliques pour attirer l’attention sur divers enjeux liés à l’eau : pollution par les PFAS, impact de la viticulture, gestion en montagne… L’eau est désormais au cœur de nombreuses préoccupations.
« À Stocamine, le maire a tenté de nous empêcher de passer par un arrêté », déplore Cécile Germain-Ecuer. « Ce site est l’un des pires en termes de menace pour la nappe phréatique du Rhin, qui alimente sept millions de personnes à travers l’Europe. Nous voulions simplement y faire une photo, mais cela montre à quel point ce sujet reste tabou pour de nombreux élus. »

Elle poursuit : « Si la situation se dégrade, c’est en grande partie à cause des pressions exercées par certains lobbys. Les décisions politiques privilégient encore trop souvent les intérêts économiques au détriment de la santé publique. En Alsace, nous sommes confrontés à une pollution de l’eau alarmante, et les responsables tardent à réagir. »

Le convoi reprend finalement sa route et atteint, comme prévu, le Parlement européen de Strasbourg en milieu de journée. Une fois sur place, les militants prennent la parole à l’aide d’un mégaphone pour alerter sur l’urgence d’agir.
« Je suis profondément inquiète, surtout face au retour des pesticides. Cela concerne directement notre eau potable, notre santé, nos écosystèmes et nos paysages », témoigne une autre participante.
Le convoi s’achève dans une ambiance engagée et conviviale, par une chorégraphie collective, marquant la fin de cette seconde édition.