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Des faons repérés à temps grâce à un drone thermique : un soulagement pour les agriculteurs, "on peut faucher en toute tranquillité

Publié : 30 mai 2025 à 6h00 - Modifié : 30 mai 2025 à 10h43
Mandy Vereecken

Faons

Les regards sont fixés sur l’écran de contrôle du drone : une silhouette claire et immobile se détache sur l’image thermique. C’est un faon, dissimulé dans l’herbe, recroquevillé pour se protéger des prédateurs, mais particulièrement exposé aux machines agricoles. Aux premières lueurs du matin, les membres du Groupement d’Intérêt Cynégétique 7 (GIC 7) du Haut-Rhin scrutent cette prairie de Soultzmatt-Wintzfelden à l’aide d’un drone équipé d’une caméra thermique.

Cette opération marque le lancement de la première campagne de sauvetage de la saison dans la région. Elle mobilise de nombreux bénévoles, notamment des agriculteurs du secteur, en pleine période de fauche. Parmi eux, Pierre-Luc Tischmacher, éleveur local :
"Grâce au drone, on peut faucher sereinement, sans craindre de blesser un petit. On n’a plus à surveiller chaque mètre carré en espérant ne pas faire de dégâts."

Cependant, repérer un faon ne garantit pas toujours son sauvetage. Parfois, à l’approche des volontaires, l’animal prend peur et fuit instinctivement vers la lisière de la forêt, où il pourra malgré tout trouver refuge.

Un peu plus loin, l’équipe repère un autre faon, et cette fois, l’opération est un succès.
"La caméra thermique permet de détecter toutes les sources de chaleur dans le champ : renards, lièvres, chevreuils et bien sûr, les faons que nous cherchons à protéger ce matin," explique Julien Hurth, président du GIC 7.
"Notre but est simple : contribuer à la préservation de la biodiversité. Ces animaux sont extrêmement fragiles dans les premiers jours de leur vie, et notre intervention peut faire toute la différence."

Une fois localisé, le faon est temporairement mis à l’abri sous un panier retourné, balisé avec des rubans de chantier pour éviter tout accident. Ce petit, âgé de seulement quelques heures, est le huitième sauvé en deux semaines sur ce secteur.

Pour Pierre-Luc Tischmacher, qui exploite 40 hectares de prairies, ces interventions sont précieuses :
"Travailler dans un cadre naturel aussi beau impose une responsabilité. Nous avons besoin de cette faune, de cette flore. Les préserver, c’est aussi préserver notre métier."

Au total, 30 hectares ont été inspectés par le drone. Ce n’est qu’une fois le terrain totalement fauché que le faon est relâché, afin de pouvoir rejoindre sa mère en toute sécurité.

À l’échelle nationale, aucune statistique officielle ne recense le nombre de jeunes cervidés tués lors des campagnes de fauche. Toutefois, l’association Sauvons les faons estime que des dizaines de milliers de jeunes animaux meurent chaque année en France, happés par les machines agricoles.