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Strasbourg : à la pompe, les automobilistes oscillent entre soupe à la grimace et inquiétude

Face à une hausse constante des prix des carburants liée à la situation en Ukraine, les automobilistes strasbourgeois affichent une attitude globalement résignée...

8 mars 2022 à 15h37 - Modifié : 8 mars 2022 à 15h40 par Pierre Maurer

panneau affichage prix carburant crise 2022
Les prix s'envolent (comme partout) à cette station de l'avenue de Colmar à Strasbourg
Crédit : PM/DKL

Les prix des carburants battaient déjà des records ces dernières semaines mais le début de la guerre en Ukraine est venu encore aggraver la situation. Pour les automobilistes, bien souvent, se reporter vers un autre mode de transport n'est pas (ou difficilement) possible.

Exemple à Strasbourg, avenue de Colmar. Dans cette station réputée pour proposer des prix souvent plus intéressants que les autres pompes des alentours, il n'y a pas de rush particulier aux six pompes installées face à l'arrêt de tram Emile Mathis. Ce mardi, alors que le soleil donne un air printanier aux arbres de l'avenue, c'est surtout le panneau lumineux récapitulant les prix au litre qui interpelle le regard des automobilistes. Comptez 1,87€ le litre de sans plomb 95 et 2,10€ celui de gazole. Les chiffres progressent chaque jour sur le tableau numérique.

"C'est trop trop difficile !" se lamente avec un sourire en coin le chauffeur de ce monospace noir. Avant de glisser sa carte dans l'automate, il vérifie à plusieurs reprises le montant affiché sur le cadran : "ici on peut gagner un petit peu... mais ce prix de l'essence nous fait perdre beaucoup de choses !" regrette-t-il.

voitures station service Strasbourg mars 2022

Un chauffeur de VTC contraint de refuser les longues courses

A la pompe voisine, c'est un bénévole de la Banque Alimentaire qui vient d'achever le plein de son petit camion qui lui permet, avec son binôme, d'aller récupérer les invendus dans les supermarchés de l'agglomération. Une mission quotidienne et chronophage pour les bénévoles de la banque... qui ne peut se faire qu'en camion. "On essaye de gérer cela en fonction de nos trajets, pour éviter de revenir à la pompe. On optimise" se rassure l'homme derrière son masque. Le reçu CB qu'il tient en main affiche un montant à trois chiffres.

Même son de cloche chez les professionnels. Pour eux, impossible de se séparer de leur outil de travail. Ce chauffeur de VTC, propriétaire d'une puissante berline noire, ne veut d'abord pas répondre à nos questions. Mais dès le micro tendu, il se montre particulièrement inquiet : "Depuis près de quinze jours, en raison de cette flambée des prix, je ne peux plus accepter les courses longues." L'homme ne peut pas réduire sa consommation, alors il tente de trouver d'autres solutions "je me suis renseigné pour mettre un boîtier pour le bio-éthanol* mais ma voiture est hybride, ça n'est donc pas possible" regrette le conducteur.

Alors que les prix des carburants continuent de s'envoler, le gouvernement affirme réfléchir à de nouvelles mesures pour aider les Français. Des annonces sont attendues dans les prochains jours, tant pour les particuliers que les professionnels.

 

* : boîtiers permettant de convertir presque tous les modèles essence au bio-éthanol, carburant composé jusqu'à 85% d'éthanol. L'installation de ce dispositif dans le moteur se fait chez un professionnel. La transformation, selon le véhicule, coûte environ 700 à 1 600 €, pose comprise selon le site internet l'Argus.

REPORTAGE | Les automobilistes strasbourgeois résignés face à la hausse des prix du carburant