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Depuis 155 ans, ce restaurant de village incarne l’esprit de famille et l’accueil chaleureux

Publié : 28 mai 2025 à 6h00 - Modifié : 28 mai 2025 à 15h29
Mandy Vereecken

Restaurant

À Schwindratzheim, dans le Bas-Rhin, on ne dit pas simplement "le restaurant du Bœuf". Les habitués parlent affectueusement de "Bim Ochse Georges", comprenez "chez Georges, du Bœuf". Depuis 155 ans, cette table de village est bien plus qu’un simple lieu de restauration : c’est une institution locale, imprégnée d’une tradition culinaire et d’un esprit de famille qui rassemblent générations et visiteurs de passage.

Il est à peine 6h30, et le cœur du restaurant bat déjà. Tandis que le village s’éveille lentement, Jean-Nicolas Gross et son fidèle cuisinier Jean-Georges sont à pied d’œuvre derrière les fourneaux. Au programme du jour : palette fumée, choucroute et pommes sautées, un plat aussi réconfortant que généreux, à savourer sur place ou à emporter.

La maison ne s’arrête pas à sa salle. Chaque jour, des plats chauds sont livrés dans les communes alentour. Figure incontournable de la région, Jean-Nicolas entretient une proximité rare avec ses clients. Certains sont fidèles depuis plus de quatre décennies.
"On livre tous les jours, même les week-ends. Ce qui nous unit, c’est une vraie relation humaine, simple et sincère", explique-t-il. Lors de ses tournées, il prend toujours le temps d’échanger quelques mots, comme avec Monsieur et Madame Horn, ou Édouard, 88 ans, qui raconte avec tendresse :
"Je venais déjà ici en 1946, pour une limonade. Aujourd’hui encore, je m’y arrête pour boire mon amer."

Ce lien fort avec le territoire se traduit aussi dans l’assiette. La viande de porc, par exemple, provient de la ferme familiale de 5 hectares, fondée par le grand-père de Jean-Nicolas et aujourd’hui gérée par son père et son frère. Un ancrage local assumé, reflet d’une philosophie de travail tournée vers la qualité et la transmission.

À l’heure du déjeuner, la salle se remplit. Ouvriers, voisins, familles et amis se retrouvent autour de grandes tables conviviales. On y mange copieusement, on rit, on échange. "C’est toujours bon, copieux, et on s’y sent comme à la maison", sourit un habitué fidèle.

Pour Jean-Nicolas Gross, ce lieu est bien plus qu’un métier : c’est sa vie. Il y a grandi, y a fait ses devoirs, et, enfant, participait déjà aux livraisons avec ses parents et grands-parents. Sa mère, Christiane, ne cache pas son émotion :
"Mon mari et ses parents seraient fiers. Nous avons toujours voulu préserver l’esprit de la maison. Jean-Nicolas a repris le restaurant, Christian la ferme. Et on espère que nos petits-enfants perpétueront la tradition."
Un souhait partagé par Christian Gross, son frère :
"Mon fils a seize mois. Il est encore petit, mais je veux déjà lui transmettre ces valeurs. C’est un patrimoine familial qu’il faut faire vivre."

Le restaurant Au Bœuf, c’est donc bien plus qu’une table réputée. C’est un lieu de mémoire, un foyer de transmission, un coin d’Alsace où les recettes d’antan rencontrent l’authenticité des liens humains. Une maison de village ouverte à tous, où l’on vient pour manger… mais où l’on revient pour ce sentiment d’appartenance.