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Contraints de fuir leur domicile : des locataires excédés par des fuites de monoxyde de carbone dans des logements sociaux
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Présentée comme la plus ambitieuse opération de renouvellement urbain en France, la transformation du quartier Drouot connaît déjà ses premières zones de turbulence. Lundi 5 mai, plusieurs habitants se sont rassemblés devant les bureaux de l’entreprise Demathieu Bard, en charge des travaux, pour exprimer leur colère. Le projet prévoit la rénovation de 821 logements d’ici mars 2029, mais des incidents liés à des fuites de monoxyde de carbone ont semé l’inquiétude.
« On vit dans l’angoisse, ce n’est plus tenable. J’ai dû quitter mon logement samedi », confie Gwenaëlle Tonelli, résidente du quartier, rencontrée sur place. Deux jours avant la manifestation, son détecteur de monoxyde s’est déclenché subitement alors que son fils prenait une douche. « La chaudière s’est arrêtée automatiquement grâce au dispositif de sécurité intégré », précise-t-elle.
Elle n’en est pas à sa première mésaventure. En janvier, une première fuite avait provoqué des symptômes inquiétants : maux de tête, nausées… qu’elle avait d’abord attribués à une grippe. Ce n’est qu’à l’occasion de l’entretien annuel de la chaudière que le problème a été confirmé, révélant une canalisation d’évacuation défectueuse.
Ces derniers jours, de nombreux autres logements ont connu des déclenchements similaires des détecteurs. Face à la situation, le bailleur social a coupé l’arrivée de gaz dans les logements concernés. Les résidents se retrouvent sans eau chaude, en attendant la mise en place d’équipements de dépannage comme des chauffe-eau ou des plaques électriques.
La réhabilitation, entamée récemment, est désormais pointée du doigt par les habitants, qui soupçonnent un lien entre les travaux et les fuites. Sollicitée, l’entreprise de BTP Demathieu Bard n’a pas donné suite, renvoyant la responsabilité au bailleur social.
De son côté, M2A Habitat évoque plusieurs facteurs possibles : « Le phénomène pourrait être lié aux débuts du chantier, à la météo, voire à des arrivées d’air obstruées par les résidents », explique Éric Peter, directeur général. Il admet que des vérifications systématiques n'ont pas été menées dans chaque appartement, préférant des mesures de prévention globales.
Le bailleur affirme que tous les logements seront, à terme, raccordés au réseau de chaleur urbain, un projet censé être finalisé d’ici l’automne 2026. En attendant, dès qu’un risque est détecté, la chaudière individuelle est désactivée et du matériel temporaire est fourni.
Selon M2A Habitat, les incidents concernent une fraction minime du parc : moins de 5 % des 821 logements en rénovation. Le bailleur assure également que les locataires touchés seront dépannés et remboursés.