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Centrale de Fessenheim : focus sur un chantier hors du commun, cinq ans après sa mise à l'arrêt
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Cinq ans après sa mise à l'arrêt, la centrale nucléaire de Fessenheim entre dans une nouvelle phase de sa transformation.
Le 30 juin 2020 marquait la fin de l’exploitation du deuxième réacteur, après 43 années de fonctionnement. Depuis, le site se prépare minutieusement au démantèlement, dont le coup d’envoi est prévu pour 2026.
Les anciens équipements – turbines, alternateurs et réseaux de tuyauterie – représentant environ 60 000 tonnes de matériaux, ont déjà été retirés de la salle des machines. Celle-ci accueillera désormais les déchets faiblement radioactifs en attente d’un transfert vers un centre de traitement.
Laurent Jarry, directeur du site, rappelle que la réglementation française impose de traiter comme déchets nucléaires tout matériau ayant séjourné en zone contrôlée, même en l’absence de contamination ou d’irradiation.
Les 157 barres de combustible usé, mesurant chacune près de quatre mètres de haut, ont été entreposées dans une piscine de désactivation avant d’être acheminées vers La Hague, en Normandie. Il a fallu 13 convois pour mener cette opération à bien.
"Nous avons battu un record mondial", se félicite Laurent Jarry. "Il n’a fallu que deux ans pour évacuer l’ensemble du combustible, ce qui représente 99 % de la radioactivité du site."
La piscine doit encore être vidée de ses composants mécaniques légèrement radioactifs. Dans le bâtiment réacteur, autrefois inaccessible lors de l’exploitation à pleine puissance, les accès sont désormais ouverts. Les générateurs de vapeur, massifs (300 tonnes chacun et 20 mètres de haut), seront les premiers équipements à être démontés.
Sous les échafaudages, la cuve du réacteur est toujours visible. La piscine du réacteur a été vidée et recouverte pour créer une plateforme de travail sécurisée pour les techniciens.
L’ensemble des préparatifs devrait s’achever en 2026, laissant place aux opérations de démantèlement. Malgré la baisse progressive des contrôles depuis cinq ans, les règles de sécurité restent strictes.
Chaque personne accédant au site est équipée d’un dosimètre individuel et doit franchir plusieurs portiques de détection avant de sortir, afin de garantir une absence totale de contamination.
La construction de la centrale avait nécessité sept années. Le démantèlement, lui, devrait durer plus du double, selon les projections actuelles d’EDF : environ 15 ans.
"Il s’agit d’une première pour un réacteur à eau pressurisée", explique Stéphane Boero, directeur des projets chez Cyclife, la filiale d’EDF en charge du démantèlement. "Ce délai est nécessaire pour mener à bien chaque étape avec rigueur."
Un projet de technocentre est également à l’étude pour valoriser les déchets faiblement radioactifs, offrant une nouvelle perspective pour l’avenir du site de Fessenheim.