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À l’affût sur les hauteurs, les pompiers guettent les signes de feu de forêt : "c’est une mission de longue haleine"

Publié : 6h00 - Modifié : 11h43
Mandy Vereecken

Pompiers

Pour repérer au plus tôt les départs d’incendies en forêt, quoi de plus efficace que de prendre de la hauteur ? C’est précisément la stratégie adoptée par les sapeurs-pompiers du Haut-Rhin, qui ont installé un poste de surveillance sur les hauteurs du château du Hohlandsbourg à partir du 30 juin.
Situé à 620 mètres d’altitude, ce site historique offre un panorama exceptionnel à 360 degrés sur la plaine d’Alsace, les Vosges, la Forêt Noire et, par temps clair, jusqu’aux Alpes.

Depuis les remparts, un pompier scrute l’horizon à travers ses jumelles. « Pour l’instant, rien à signaler », commente-t-il. À ses côtés, la capitaine Marion Rapior, responsable du détachement préventif feux de forêt, précise : « Un vrai départ de feu se distingue par une fumée dense, grise à noire. Dès qu’on l’aperçoit, on envoie une alerte à la centrale. On confronte alors notre observation avec les appels reçus au 18. »
Elle ajoute que cette méthode repose sur une observation rigoureuse : « C’est un travail méticuleux, presque invisible, mais indispensable pour vérifier si le départ de feu est réel. »

Une fumée suspecte est repérée dans la direction des Trois Châteaux d’Husseren, situés sur une colline voisine. En quelques secondes, les équipes se mobilisent.
Patrice Gerber, directeur du service départemental d’incendie et de secours du Haut-Rhin, explique : « Le principe de la stratégie nationale contre les incendies de forêt, c’est d’agir dès les premières minutes. Plus on intervient rapidement, plus on limite les dégâts. Cela suppose de positionner des moyens humains et matériels au plus près des zones à risque. »

Dans le Haut-Rhin, deux points d’observation sont actuellement actifs : l’un à Cernay, l’autre au château du Hohlandsbourg, entre 14h et 20h, période jugée la plus critique.
Dans le Bas-Rhin, la topographie différente impose une autre approche. Faute de relief, des caméras montées sur mâts ont été déployées, notamment à Haguenau.
« Ces caméras détectent les anomalies visuelles et envoient les images au centre de traitement des alertes. L’intelligence artificielle les analyse, puis un opérateur humain les valide », explique Hervé Claudon, référent départemental pour la prévention des feux de forêt.
Trois casernes sont équipées pour l’instant à Haguenau, Bischwiller et Betschdorf. Leur mise en service est prévue pour la mi-juillet.

En complément des technologies, la vigilance citoyenne est également mobilisée. Le Bas-Rhin a mis en place le dispositif « Sentinelles des feux de forêt », lancé début 2023. Il regroupe 200 bénévoles répartis dans les zones sensibles.
Leur mission : repérer les départs de feu, alerter les secours et sensibiliser la population. D’après la préfecture, ces volontaires sont stratégiquement positionnés pour maximiser la rapidité d’intervention – un rôle analogue à celui des vigies en poste sur les hauteurs du Hohlandsbourg.