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Transports adaptés pour enfants handicapés en Alsace : le nouveau règlement continue de faire polémique

Trois semaines après un rassemblement citoyen devant le siège strasbourgeois de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), la controverse autour du nouveau règlement des transports adaptés pour enfants en situation de handicap reste vive. Entre inquiétudes des familles, critiques de l’opposition et défense de l’exécutif, le sujet demeure explosif.

Publié : 22 septembre 2025 à 14h00 par
Claude-Emmanuel Martin

CEA

Une réforme qui bouleverse le quotidien des familles

Depuis le 1er septembre, une nouvelle organisation des trajets scolaires pour les enfants handicapés est entrée en vigueur. Désormais, dans de nombreux cas, ce sont les familles qui doivent assurer elles-mêmes les déplacements domicile–école, avant d’être remboursées à hauteur de 0,55 € par kilomètre.
Une mesure qui marque une rupture avec l’ancien dispositif, largement basé sur la prise en charge par taxis ou transporteurs spécialisés. Pour beaucoup de parents, cette évolution est vécue comme un véritable choc.

« Jusqu’ici, mes enfants avaient un taxi, racontait une mère lors d’un rassemblement citoyen le 1er septembre. Mais moi je commence à travailler à 5 heures du matin… Je fais comment maintenant ? »

L’opposition dénonce un recul du service public

Du côté des familles comme des élus d’opposition à la CEA, la réforme est jugée injuste et inhumaine. Ils dénoncent une baisse de la qualité du service rendu, voire une suppression pure et simple des transports collectifs adaptés. « Les faits sont têtus : plusieurs centaines d’enfants ne sont plus transportés depuis la rentrée », affirme Ludivine Quintallet, élue d’opposition.

Sa collègue Fleur Laronze regrette d’avoir voté le texte en mars dernier : « Avec le recul, face à la suppression quasi générale du transport collectif, nous aurions dû nous abstenir. »

La défense de la CEA : « un dispositif plus équitable »

Face aux critiques, la Collectivité européenne d’Alsace se défend. Sa vice-présidente Karine Pagliarulo rappelle que la délibération du 14 mars avait été adoptée à l’unanimité. « Parler de suppression est trompeur, insiste-t-elle. Chaque fois que le handicap rend impossible un autre mode de transport, la CEA finance un trajet spécialisé, collectif ou individuel. Et chaque demande fait l’objet d’un examen personnalisé. »

Elle souligne également l’ampleur des moyens mobilisés : en 2025, 310,3 millions d’euros seront consacrés à l’accompagnement des personnes en situation de handicap, soit le deuxième poste budgétaire de la CEA, après la protection de l’enfance.

Une polémique loin d’être close

Malgré ces arguments, le malaise persiste. Pour de nombreuses familles, le remboursement kilométrique ne compense pas la difficulté logistique et organisationnelle liée aux trajets quotidiens. Et pour l’opposition, la réforme traduit un recul concret des services proposés.
Trois semaines après le rassemblement citoyen, la polémique reste donc entière, et la rentrée scolaire a ravivé les tensions autour de ce dossier sensible.