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Roberto Ciurleo, producteur de la comédie musicale "Je vais t'aimer" : "il y a 40 ans d'histoire française dans les chansons de Sardou !"

De passage au Zénith de Strasbourg, le show incontournable de cette rentrée a attiré plus de 2300 spectateurs. Entretien avec celui qui a conçu ce show survolant presque un demi-siècle d'actu et de chansons...

17 novembre 2021 à 11h25 - Modifié : 17 novembre 2021 à 13h37 par Pierre Maurer

Roberto Ciurleo Je Vais T'aimer
Roberto Ciurleo, le producteur de "Je vais t'aimer"
Crédit : DR

Ancien directeur d'antenne et des programmes de la radio NRJ, Roberto Ciurleo s'est depuis le milieu des années 2000 fait un nom dans le milieu des comédies musicales françaises. Juré dans l'émission "Popstars" de M6, c'est lui contribue à lancer la carrière de l'alsacien Matt Pokora. Il le choisira plus tard pour incarner le rôle titre de sa comédie musicale "Robin des Bois", après avoir triomphé avec "Le Roi Soleil" en 2005.

D'autres succès suivront avec "Les 3 Mousquetaires" ou encore plus récemment "Bernadette de Lourdes". Mais c'est avec "Je vais, t'aimer" que Roberto Ciurleo frappe un grand coup cette fin d'année 2021.

Il nous a accordé un entretien lors de son passage avec le show à Strasbourg cette semaine.

 

 

 DKL  Dans quel état d’esprit êtes-vous alors que le spectacle fait étape à Strasbourg cette semaine ? 

 Roberto Ciurleo  On joue depuis 3 semaines, donc ça passe vite ! J'ai l'impression que tout ça a commencé il y a très longtemps ! On a commencé à répéter à Courbevoie cet été, ensuite à Saint-Omer où on est entré en résidence pendant un mois. On a eu nos deux premiers shows à Lille. A partir de ce moment-là, on a compris que ça plaisait au public.

Ce qui a été difficile, c’était de répéter des mois sans savoir quel sera le retour du public (...) C'est un peu un monde inconnu mais maintenant, c'est vraiment fabuleux ce qui ce qui se passe autour du spectacle !

 

 DKL  Comment définir “Je vais t’aimer” ? C’est un spectacle sur la vie de Michel Sardou ?

 Roberto Ciurleo  Alors ça n'est surtout pas un biopic musical : on ne raconte pas du tout la vie de Michel Sardou. Le seul lien avec Michel Sardou, c’est un lien important : c'est son répertoire. Sur le principe, c’est conçu comme la comédie musicale “Mamma Mia”. C’est un peu une version française de cette comédie, mais avec le répertoire de Sardou. Ça raconte l'histoire de 6 personnages que l'on suit sur 40 ans. On les découvre jeunes en début de spectacle et on les voit beaucoup plus âgés, 40 ans plus tard… pour ceux qui ne meurent pas ! (rires) Je ne veux pas vous spoiler le spectacle !

C'est vraiment une œuvre dans laquelle les gens s'identifient. Il y a 40 ans d'histoire française. Parmi les temps forts, il y a l’apparition du paquebot “le France”. Le Havre est aussi présent, Paris mais également l’Afrique du Nord… (...) Les costumes sont incroyables : il y en a des centaines. C'est très impressionnant pour le public.

C'est un ami qui m'a donné cette idée en me disant qu’il me verrait bien faire un spectacle autour des chansons de Michel Sardou. Il nous a fallu le contacter et lui demander son accord. Cela a mis 2 ans avant d'avoir son feu vert. Il a voulu (et ce qui est normal) lire le livret. Il a adoré l'histoire qu’on allait raconter.

Ensuite il fallait trouver le bon casting : une troupe qui puisse chanter ses titres. Certains sont d’ailleurs très compliqués à chanter. Il faut vraiment être des des grands performeurs, de gros artistes interprètes. Michel les a écoutés, il a ensuite donné son ok définitif et là on a commencé à enregistrer l'album, faire les clips et commencer la promotion du spectacle…

 

Cette comédie musicale, c'est vraiment une œuvre dans laquelle les gens s'identifient.

 

 DKL  Comment s’est mis en place le choix des artistes ? La troupe est conséquente !

 Roberto Ciurleo  Les castings ont été menés par Bruno Berberes. C’est un nom incontournable ! C’est lui qui a fait tous mes spectacles. C’est aussi lui le grand casteur de The Voice entre autres. Sa particularité, c’est qu’il aime vous emmener parfois loin de ce à quoi vous vous attendez.. Par exemple, lorsque vous lui donnez la liste des rôles et celle du type d’artistes que vous aimeriez avoir… Hé bien, ça donne de sacrées surprises ! Il vous propose des personnes qui ne correspondent pas du tout à ce que vous lui avez demandé. Ça vous fait réfléchir et souvent  ça impacte vos choix !

Le casting, c'est un moment formidable. C'est ce que je préfère dans mes aventures (...) Là, on a un beau casting mais il faut aussi que ces artistes soient capables de jouer la comédie. C’est difficile en France parce qu'on est soit chanteur, soit danseur, soit comédien… Et pour “Je vais t’aimer”, on a un modèle vraiment à la  Broadway. Il faut que nos artistes puissent tout faire. Et on voit que ça marche à merveille !

 

 DKL  Qu’est-ce qui a changé par rapport aux premières comédies que vous aviez monté il y a plus de 10 ans maintenant ?

 Roberto Ciurleo  Ce qui change vraiment pour le coup, c'est le contexte autour de vous. Quand on a fait “Robin des Bois”, il n’y avait pas de gros succès en termes de comédies musicales. Cela a fait un vide (...) Après, les périodes sont également différentes. Certaines sont plus compliquées. La c'en est une avec la situation sanitaire !

Notre chance aujourd’hui, c’est qu’on est une des seules créations de ce début de saison. Souvent, on rouvre les salles. La thématique des chansons permet de déplacer des familles car beaucoup ont perdu l’habitude de sortir, d’aller au spectacle ou au cinéma. On a réussi à construire quelque chose (...) Cette émotion de se retrouver, elle me semble décuplée en ce moment.

 

 DKL  Le fait que le répertoire de Michel Sardou soit intergénérationnel, ça doit aider aussi non ?

 Roberto Ciurleo  Ça c'est fou ! Son répertoire couvre des générations et des générations. Je pense qu'il n'y a pas d'autres artistes dans ce genre.

Il y a bien Jean-Jacques Goldman, mais il ne va pas aussi loin. Avec Sardou, c'est vraiment des plus âgés aux plus jeunes. Ces derniers l’ont découvert par exemple dans le film “La famille Bélier ou avec les reprises des Kids united. Pour les autres, on entend ses chansons tout le temps : lors de rassemblements, à un mariage… Il y a toujours quelque part un titre de Michel Sardou !

 

Michel Sardou m'a dit qu’il était heureux que l’on reprenne le flambeau sur ses chansons, qu’il nous souhaitait bonne chance et qu'il allait bientôt venir nous voir !

 

 DKL  Michel Sardou vous a donné son avis sur ce début de tournée ?

 Roberto Ciurleo  Récemment, il m’a envoyé un message que j’ai pris un grand plaisir d’afficher dans toutes les loges des artistes. Je l’ai également lu à la troupe et aux techniciens. Il nous disait qu’il était heureux que l’on reprenne le flambeau sur ses chansons, qu’il nous souhaitait bonne chance et qu'il allait bientôt venir nous voir !

 

 DKL  Est-ce que le succès d’une bonne comédie musicale, ce ne serait pas ses attaches dans l’actualité, dans le monde actuel ?

 Roberto Ciurleo  C’est en effet fondamental. je n’ai jamais produit un seul spectacle sans qu’il ait un sens très fort. Lorsque l’on a fait “Robin des Bois”, j’habitais au pied de la Bourse à New-York et c’était la période des “Indignés” qui se relayaient nuit et jour pour dénoncer le monde de la finance. Ca m’avait vraiment interpellé et c’est comme ça qu’est née l’idée de la comédie musicale avec Matt Pokora.

Un de mes derniers succès “Bernadette de Lourdes” met en avant l’entêtement d’une jeune fille (...) qui jamais ne reniera sa promesse. Tout ça, ça a du sens. C’est de l’engagement, du vivre ensemble… Et sur “Je vais t’aimer”, c’est vraiment tout ça !