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Onigiri vs jambon-beurre : qui dominera la pause déjeuner à la Japan Expo 2025 ?

Publié : 6h00 - Modifié : 16h00
Mandy Vereecken

Onigiri

D’un côté, un triangle de riz enveloppé de nori, garni de thon mayonnaise ou de prune salée. De l’autre, l’incontournable duo pain-beurre-jambon, symbole absolu du déjeuner à la française. Si le sandwich hexagonal semble indétrônable, le petit encas venu du Japon gagne discrètement du terrain dans les habitudes alimentaires des Français.

Avec 1,2 milliard d’unités vendues chaque année dans l’Hexagone selon le cabinet Gira Conseil, le jambon-beurre reste une valeur sûre. Simple, rassasiant, économique — « rapide, pas cher, et ça cale », résume Camille, 27 ans, rencontrée dans une boulangerie parisienne — il incarne la tradition du repas sur le pouce. Mais cette institution commence à être sérieusement challengée.

En effet, face à la montée en gamme du sandwich classique — comme celui du Ritz à 15 €, ou celui à 7,90 € chez le chef Éric Fréchon — le prix devient parfois un frein. Tout le monde ne peut pas se permettre un tel budget quotidien. C’est là que l’onigiri entre en scène : compact, pratique, et souvent bien plus abordable.

Importé du Japon, cet en-cas de riz séduit par sa diversité. Selon Clémence Leleu, journaliste et autrice de Japan Cantina, « on peut en consommer à toute heure : tôt le matin dans le métro, en fin de journée, ou même en lendemain de fête ». Léa, habituée des déjeuners japonais, vante son côté pratique : « C’est léger, facile à manger, et ça change du sandwich habituel ».

Du thon-mayo au saumon grillé, en passant par le poulet teriyaki ou des versions véganes, l’onigiri offre un large éventail de saveurs. Pour Xavier Marchand, cofondateur de l’épicerie japonaise iRASSHAi, ce n’est pas juste un produit de substitution : « Le jambon-beurre est un type de sandwich. L’onigiri, lui, est une catégorie à part entière. On peut y mettre des ingrédients très simples ou plus haut de gamme. C’est un pilier de la gastronomie japonaise. »

Depuis l’ouverture de son enseigne à Paris, Marchand constate un engouement croissant pour ces petites bouchées de riz. Une popularité qui s’inscrit dans une tendance plus large : l’amour des Français pour la culture japonaise, de la cuisine aux mangas en passant par le cinéma. « Peu de pays accordent autant d’importance à la cuisine au quotidien que la France — le Japon partage ce rapport fort à l’alimentation », observe Lucie Renard, spécialiste du voyage au Japon chez Japaventura.

Si la cuisine japonaise séduit autant, c’est aussi pour sa variété et son accessibilité. Selon Marchand, « elle propose à la fois du haut de gamme et des plats populaires, pour tous les goûts et tous les budgets ». Un équilibre qui contribue à son attrait croissant.

Mais tout n’est pas si simple du côté japonais. Comme le rappelle Clémence Leleu, la production locale de riz subit des tensions inédites : « Le riz devient plus rare au Japon. Les agriculteurs doivent puiser dans les réserves, importer de l’étranger, car une partie des récoltes est dédiée à l’exportation ou à l’alimentation animale. » Une situation inédite depuis plus d’un siècle. De plus, les habitudes alimentaires des Japonais évoluent : la consommation de riz a été divisée par deux depuis les années 1960, au profit des pâtes ou du pain.

Ironie de l’histoire : alors que les Français s’enthousiasment pour les spécialités japonaises, les Japonais se tournent de plus en plus vers des mets occidentaux. Peut-être, un jour, le sandwich jambon-beurre fera-t-il fureur à Tokyo — pendant que l’onigiri régnera sur les pauses déjeuner parisiennes.