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Lutte contre la pauvreté : un bilan mitigé pour Emmanuel Macron

Publié : 6h00 - Modifié : 11h34
Mandy Vereecken

Lutte contre la pauvreté

Dès le début de son premier mandat, Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre la pauvreté un axe fort de sa politique sociale, promettant une réduction significative du phénomène à moyen terme. Sept ans plus tard, alors que la fin de son second quinquennat approche, le constat est loin d’être encourageant.

Selon les données publiées par l’Insee le 7 juillet, la pauvreté a atteint en 2023 un niveau inédit depuis trois décennies. Malgré les ambitions affichées, les mesures mises en place n’ont pas permis d’apporter une réponse structurelle à ce fléau, qui continue d’éroder la cohésion sociale du pays.

La politique du « quoi qu’il en coûte », mise en œuvre durant la pandémie, avait temporairement freiné l’aggravation de la pauvreté. Mais ces aides, souvent mal ciblées, n’ont pas suffi à protéger durablement les personnes les plus vulnérables. Depuis leur retrait, conjugué à une inflation persistante, le taux de pauvreté est reparti à la hausse, atteignant 15,4 % en 2023. En un an, 650 000 personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté.

Ce phénomène ne résulte pas d’une dégradation générale du niveau de vie, mais d’un décrochage des plus fragiles, particulièrement exposés à la hausse des prix. Alors même que la France figure parmi les pays les plus redistributifs, les inégalités se sont accentuées : les 10 % les plus aisés ont vu leurs revenus progresser, tandis que les 10 % les plus modestes ont vu leur situation se détériorer. L’Insee souligne un retour à des écarts similaires à ceux des années 1970.

La situation est d’autant plus préoccupante que le pays reste en croissance modérée et que le chômage demeure maîtrisé. Pourtant, l’amélioration du marché du travail ne se traduit plus par une baisse de la pauvreté. En 2023, avoir un emploi ne garantissait pas de sortir de la précarité. Le développement des temps partiels subis, du statut de microentrepreneur et la réforme de l’assurance chômage de 2021, qui a durci les conditions d’indemnisation, ont contribué à cette tendance.

La récente simplification de l’accès aux aides sociales – dans un contexte où près d’un tiers des bénéficiaires potentiels ne les réclament pas – va dans le bon sens, mais elle ne traite pas les causes profondes de la pauvreté. Les acteurs du secteur appellent à des politiques de prévention à long terme, centrées notamment sur la lutte contre le décrochage scolaire, les inégalités de santé, ou l’accès au logement digne.

Le 3 juillet, François Bayrou a exprimé sa volonté de fixer un objectif chiffré de réduction de la pauvreté, conformément à la loi de 2008. Mais encore faudra-t-il que cette ambition s’accompagne d’une stratégie cohérente, d’une réelle volonté politique, et d’investissements durables, dans un contexte budgétaire tendu et une Assemblée nationale sans majorité claire.