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Culture : l'avenir de l'école municipale des arts de Wissembourg en question
Depuis les vacances scolaires de février et l'annonce par la municipalité de ne pas renouveler les contrats de dix professeurs contractuels (sur 15) à la rentrée, l'inquiétude grandit au sein de la communauté culturelle. Parents d'élèves, enseignants et habitants sont fortement mobilisés : ils refusent de voir la logique comptable s'imposer pour écrire le futur de l'école.
25 février 2022 à 17h46 par Pierre Maurer
Pour les enseignants de l'école municipale des arts, le coup de massue est tombé en plein pendant les vacances d'hiver... Au cours d’une réunion organisée par la municipalité, ils ont ont appris que les contrats des enseignants contractuels ne seraient probablement pas renouvelés en septembre, entraînant la suppression de nombreux cours et, de facto, la dégradation de l'offre proposée. Moins d'instruments, moins de pratiques collectives (comme la danse)... et au final, une école moins attractive. Dix postes seraient concernés par cette mesure, laissant aux cinq postes de titualires restant la charge d'assurer leurs cours et une partie des pratiques collectives.
« On ne comprend pas ! Selon nous c'est un choix politique et il est incompréhensible » se désole ce professeur (qui a demandé à rester anonyme) présent depuis plusieurs années au sein de la structure. « Ce sont les élèves et leurs parents qui vont clairement pâtir de cette situation... et au final la réputation de Wissembourg ! » déplore-t-il, en regrettant l'approche purement comptable de cette décision.
« Il y a moins d'enfants qui sont attirés par ce type de culture et il faut aussi poursuivre le développement d'autres formes comme la voie numérique [la Ville a récemment intégré le programme des "Micro-Folie" porté par le ministère de la Culture, NDLR]. C’est plus au goût du jour. Il fallait que je fasse un choix, je sais qu'il est impopulaire » argumente la maire de Wissembourg, Sandra Fischer Junck.
Le nombre d’inscription a en effet baissé d’une quarantaine d’élèves entre l’année scolaire 2019-20 et l'actuelle, la Covid étant passée par là. Actuellement, la structure en compte 281. Pour encore justifier la décision de réduire la voilure, l'élue pointe un poids trop lourd dans le budget des coûts de fonctionnement de l’école (410 000 euros dans les comptes administratifs 2021) et une envolée des prix de l'énergie. « Je suis garante des deniers publics et ça n'est pas simple » tente-t-elle de se justifier.
Des parents d'élèves inquiets... mais combatifs
En toile de fond, cette réduction de l'offre devrait aussi avoir des conséquences sur d'autres activités proposées par la Ville ou d'autres associations. « Avec la disparition des postes, cela veut dire qu'il n'y aurait plus de cours de théorie musicale (ex-solfège), certains instruments manqueraient dans les ensembles musicaux et même l'harmonie municipale ne verrait plus ses effectifs se renouveler, faute de nouveaux musiciens formés à l'école ! » énumère avec angoisse l'enseignant de l'école wissembourgeoise.
Les parents d’élèves ont rapidement pris la mesure de la situation. Ils se sont mobilisés quelques jours après la réunion du 10 février en lançant une pétition signée par près de 3400 personnes (et toujours accessible via ce lien) et en se réunissant une nouvelle fois le dimanche 20 février. Un temps d'échange ouvert à tous, en présence des élus notamment et suivi par près de 150 personnes sur place et 600 supplémentaires en visio. Si la plupart des personnes concernées comprennent la dimension budgétaire de la décision, des voix montent pour demander que d'autres solutions soient examinées.
« On n'est pas des experts en comptabilité municipale, reconnaît Pierre Barthel, porte-parole du groupe des parents d'élèves de l'école. On souhaite avoir du temps pour se concerter et trouver des solutions (…) Le contexte financier, on en est conscient (…) ce n'est pas simple mais il y a une volonté de travailler avec la mairie pour trouver des solutions ». La maire demande que des propositions soient émises avant le 28 février pour que les éléments soient examinés ensuite à la mi-mars, dans le cadre du débat d'orientations budgétaires. En tout état de cause, le budget avec les nouvelles dispositions liées à cette réorganisation devrait être voté « un mois plus tard, à la mi-avril » selon l'enseignant de l'école.
« Une chose est sûre, l’école ne fermera pas » a d'ores et déjà prévenu la maire lors de la réunion du 20 février. Sandra Fischer Junck n'écarte pas un possible rapprochement transfrontalier avec un établissement voisin. Cela pourrait permettre de continuer à proposer une offre un peu plus étoffée. « Ce que l'on regrette aussi, note l'enseignant, c'est qu'il faudra quoi qu'il arrive que les élèves fassent de la route pour continuer à pratiquer leur instrument, s'il venait à ne plus être enseigné ici. Au plus proche à Lauterbourg, pour les instruments moins enseignés, jusqu'à Haguenau, soit presque une demi-heure de trajet ! » •
La mobilisation des parents d'élèves continue Ce samedi 26 février, un concert de soutien en faveur de l'école des arts est organisé. C'est "La Fine Bouche", quatuor vocal au répertoire savoureux et truculent qui assurera l'ambiance du côté du quai du 22 novembre à Wissembourg. |