L'actualité nationale, régionale et locale

Invasion de punaises de lit et de cafards : une famille de demandeurs d’asile vit un enfer en foyer. "Ce sont mes bébés qui m’inquiètent le plus

Publié : 4 juin 2025 à 6h00 - Modifié : 4 juin 2025 à 14h11
Mandy Vereecken

Des cafards qui filent le long des murs, des pièges couverts d’insectes morts, des punaises de lit nichées dans les coins des sommiers… C’est dans cet environnement que vit une famille de demandeurs d’asile depuis novembre 2024, dans un logement de 16 m² attribué par le bailleur social Adoma, à Colmar. Les deux parents y vivent avec leurs jeunes enfants, dont un nourrisson âgé de seulement deux semaines.


Huit mois après leur arrivée, le père de famille, inquiet, dénonce des conditions de vie indignes. "C’est pour mes bébés que j’ai le plus peur. La nuit, j’imagine les cafards grimper sur mon nouveau-né", confie-t-il, la voix tremblante. Il préfère garder l’anonymat, redoutant des représailles de la part du bailleur : "J’ai peur qu’on nous mette dehors sans nous proposer d’alternative. Mais rester ici, c’est dangereux pour mes enfants."


Sa fille de deux ans a déjà subi les conséquences de l’infestation. Son corps est couvert de traces de piqûres de punaises de lit, et elle aurait été hospitalisée après avoir avalé des œufs de cafard. Un proche de la famille confirme la gravité de la situation : "Le 1er juin, une punaise de lit est même entrée dans l’oreille de la petite… Le père a lui aussi des marques de morsures sur le visage."


Un certificat médical daté de février 2025, que nous avons pu consulter, décrit un tableau préoccupant. Le médecin y mentionne des troubles digestifs et cutanés, une perte d’appétit ainsi que des troubles du comportement chez la fillette, qu’il relie à la présence massive de nuisibles. Il recommande expressément un relogement "en urgence".


Sollicitée, la direction régionale d’Adoma reconnaît l’état problématique de ce "bâtiment ancien". Nathalie Burger, directrice territoriale, précise : "À chaque signalement, nous procédons à des traitements de désinsectisation. Pour les cafards, des protocoles préventifs sont également en place." De nouvelles interventions sont prévues les 4, 11 et 18 juin.


Mais selon le père, les précédentes opérations n’ont pas permis d’endiguer le problème.


Une réhabilitation complète du site est bien prévue, avec un relogement de tous les occupants en octobre. En attendant, la famille reste dans l’incertitude, n’ayant reçu aucune proposition de relogement anticipé de la part de l’Office français de l'immigration et de l'intégration.