Culture : à la découverte du micro-théâtre avec la comédienne strasbourgeoise Morgane Enderlin

Active sur la scène régionale et au sein d'associations, la comédienne Morgane Enderlin est en charge des projets artistiques de la Compagnie Toc Toc, spécialisée dans le micro-théâtre. Morgane propose à Strasbourg des stages et des ateliers qui utilisent cette technique particulière... Elle nous la présente dans cet entretien et dans un reportage réalisé il y a quelques jours, lors d'une séance (écoute en bas de page).

 

DKL : C’est quoi le micro-théâtre ?

Morgane Enderlin : C’est en réalité un format de théâtre court qui vient d’Espagne. Le concept se résume à trois fois le chiffre 15. C’est à la fois la durée du spectacle (15 minutes) sur une scène réduite (15 m²) et un public restreint (15 personnes).

Le micro-théâtre ne se limite pas à des sketches ou du one-man show. Cela peut prendre toutes les formes artistiques possibles : un spectacle de danse, de marionnettes ou tout simplement… du théâtre !

Cette pratique est assez peu répandue en France : peu de compagnies et de comédiens la proposent. Mais aujourd’hui, c’est dans l’air du temps : c’est rapide, efficace et son avantage c’est qu’en peu de temps, on peut découvrir un grand nombre de formes artistiques différentes.

 

Pourquoi cet engouement ? Est-ce lié uniquement à la forme de la pratique ?

Tout est requestionné avec le micro-théâtre. L’espace déjà, car il n’y a pas de scène à proprement parler. Les comédiens jouent directement dans le public. Le temps également car en quinze minutes, on peut voir une pièce qui en temps normal peut se jouer en deux heures… On s’amuse avec les codes habituels du théâtre classique !

 

Qui est intéressé par le micro-théâtre ? Quel profil de comédiens ou apprentis comédiens ?

Pour l’instant, dans ce que j’ai pu constater dans le festival Equinoxe (festival de micro-théâtre organisée par la comédienne, ndlr), c’est que cela intéresse un public assez large. Des familles, des enfants, des adultes… Tous d’horizons différents et qui nous disent avoir trouvé leur compte !

 

Cette forme courte favorise-t-elle le stand-up ou l’improvisation ?

Pas forcément. On est très large dans ce que l’on retrouve. Les formes classiques du théâtre sont toujours bien présentes. La danse également. Plus récemment, on a même eu un ventriloque ! C’est ouvert à tous, du moment que le code des 3x15 est respecté !

 

La forme contrainte du micro-théâtre oblige les metteurs en scène à faire des concessions ?

Oui, il faut retravailler son objectif de mise en scène, son plan lumière… Il faut repenser sa mise en scène et surtout comment on prend la place et on intègre les comédiens et on laisse la place au public ! Encore mieux : comment on l’intègre dans la pièce !

 

Pendant un atelier de jeu à Strasbourg (photo PM/DKL)

 

Avec vos deux casquettes (comédienne et metteuse en scène), qu’est ce qui vous plaît le plus dans le micro-théâtre ?

C’est une bonne question ! (rires) Je crois que c’est avant tout la découverte. De découvrir quelque chose que l’on a pas l’habitude de voir. Cela laisse totalement la possibilité à tout le monde de s’ouvrir à ces nouveautés. 

 

La source du micro-théâtre, c’est donc l’Espagne… où vous vous êtes récemment rendue !

Oui ! Je suis parti il y a quelques temps à Madrid, où a commencé l’histoire du micro-théâtre. J’y ai suivi une formation et j’ai monté ma pièce que l’on a joué durant tout le mois de septembre au Microteatro de Madrid.

 

Vous proposez non seulement des stages pratiques, mais aussi théoriques ?

Cela se passe en deux fois : le mardi on apprend le micro-jeu ou le jeudi de la micro-écriture. c’est là que l’on apprend toutes les ficelles pour écrire des pièces spécifiques, mettre en scène les comédiens et les diriger. Tout cela dans la perspective d’un nouveau festival qui devrait se tenir en septembre 2022.

 

Ces formations sont-elles ouvertes à tous ?

Oui, aussi bien aux néophythes qu’aux comédiens professionnels ! C’est même le but ! Ce qui m’intéresse, c’est justement lorsque des amateurs et des pros se rencontrent. Cela met tout le monde au même niveau et c’est idéal !

Des professionnels viendront également intervenir dans les futurs ateliers. De temps en temps, ces pros rajouteront une « touche » complémentaire de ce que je propose. Une professeure de danse et un auteur parisien ont déjà confirmé leur venue.

 

Ecoutez le reportage réalisé lors d'un cours de micro-théâtre à Strasbourg