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Pourquoi retrouve-t-on autant de bergers malinois dans les refuges animaliers ?
Paradoxalement, alors qu’ils jouissent d’une immense popularité, les bergers belges malinois sont aujourd’hui la race la plus présente au refuge de la SPA de Strasbourg, situé dans le quartier de Cronenbourg. Sur la soixantaine de chiens actuellement hébergés, neuf sont des malinois en attente d’adoption.
Le phénomène n’est pas anodin : ces chiens sont devenus de véritables stars sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où le hashtag #malinoisoftiktok cumule plus de 220 000 vidéos – certaines atteignant plusieurs millions de vues. Ces contenus mettent en avant leur intelligence, leur fidélité, ou encore leurs capacités physiques impressionnantes. De quoi séduire un large public.
L’engouement est tel qu’il se ressent aussi dans le monde réel. Lors des portes ouvertes de la SPA début juillet, nombreux sont les visiteurs à être attirés par ces chiens, souvent perçus comme exceptionnels.
Mais derrière cette image flatteuse se cache une réalité bien plus complexe. "C’est la médiatisation qui pousse certaines races sous les projecteurs. Les malinois ont été valorisés dans les interventions policières, mais on oublie souvent tout le travail de dressage qu’il y a derrière", explique Clément Moeglin, président de la SPA de Strasbourg.
Selon lui, beaucoup de personnes craquent pour un chiot sans mesurer l’investissement nécessaire à son éducation. "À deux mois, ils sont adorables, mais quand on se rend compte de ce qu’il faut faire pour les gérer au quotidien, c’est souvent trop. C’est ce qui explique leur arrivée massive chez nous."
En tant que chiens de travail, les malinois ont besoin d’être stimulés physiquement et mentalement. "J’ai l’habitude de dire qu’un malinois, pendant que vous pensez à une chose, lui en a déjà dix en tête. Il faut être capable de suivre son rythme, car il va très vite."
Pour éviter des adoptions impulsives, la SPA met en place une sélection rigoureuse des adoptants, en s’assurant que le profil corresponde aux besoins de ce type de chien. Une précaution qui, selon Clément Moeglin, n’est pas toujours prise au sérieux par les élevages. "Ce ne sont pas des chiens à mettre entre toutes les mains. Et aujourd’hui, n’importe qui peut faire naître des portées de malinois. Il faudrait peut-être réfléchir à une régulation de leur vente."
Face à une baisse de 6,4 % des adoptions en 2024, la SPA alerte sur la nécessité d’une meilleure sensibilisation du public avant toute acquisition. Adopter un chien implique du temps, de l’argent, et surtout des connaissances, particulièrement quand il s’agit d’un animal aussi énergique et exigeant que le malinois.